Comme son nom l’indique, la Toussaint est la fête de tous les saints. Chaque 1er novembre, l’Église honore ainsi la foule innombrable de celles et ceux qui ont été de vivants et lumineux témoins du Christ.
Si un certain nombre d’entre eux ont été officiellement reconnus, à l’issue d’une procédure dite de « canonisation », et nous sont donnés en modèles, l’Eglise sait bien que beaucoup d’autres ont également vécu dans la fidélité à l’Evangile et au service de tous. C’est bien pourquoi, en ce jour de la Toussaint, les chrétiens célèbrent tous les saints, connus ou inconnus.
Cette fête est donc aussi l’occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles.
La sainteté n’est pas une voie réservée à une élite : elle concerne tous ceux et toutes celles qui choisissent de mettre leurs pas dans ceux du Christ. Le pape Jean-Paul II nous l’a fait comprendre en béatifiant et canonisant un grand nombre de personnes, parmi lesquelles des figures aussi différentes que le Père Maximilien Kolbe, Edith Stein, Padre Pio ou Mère Térésa…
La vie de ces saints constitue une véritable catéchèse, vivante et proche de nous. Elle nous montre l’actualité de la Bonne nouvelle et la présence agissante de l’Esprit Saint parmi les hommes. Témoins de l’amour de Dieu, ces hommes et ces femmes nous sont proches aussi par leur cheminement – ils ne sont pas devenus saints du jour au lendemain -, par leurs doutes, leurs questionnements… en un mot : leur humanité.
La célébration liturgique commence aux vêpres le soir du 31 octobre et se termine à la fin du 1er novembre. La Toussaint est la veille de la Commémoration des fidèles défunts.
QUELLES SONT LES ORIGINES DE CETTE FETE ?
Dès le IVème siècle, l’Eglise syrienne consacrait un jour à fêter tous les martyrs dont le nombre était devenu si grand qu’il rendait impossible toute commémoration individuelle. Trois siècles plus tard, dans son effort pour christianiser les traditions païennes, le pape Boniface IV transformait un temple romain dédié à tous les dieux, le Panthéon, en une église consacrée à tous les saints. Cette consécration fit naître une coutume, qui se répandit en Occident, mais chaque Eglise locale la fêtait à des dates différentes.
Ce n’est qu’en 835 que la Toussaint fut fixée au 1er novembre, par décision du pape Grégoire, qui trouva opportun que la fête anniversaire de la consécration du temple fut célébrée à un moment de l'année où les vendanges et les moissons étant faites, les pèlerins pourraient plus facilement trouver à se nourrir. En même temps, ce pape décréta qu'on célébrerait, ce jour-là, dans l'Eglise tout entière, non seulement l'anniversaire de cette consécration, mais la mémoire de tous les saints. Et c’est ainsi que ce temple, qui avait été construit pour toutes les idoles, se trouve aujourd'hui consacré à tous les saints. C’est là le premier objet de la fête de la Toussaint.
Le deuxième objet de cette fête est de remédier à certaines de nos omissions, celles que nous commettons en oubliant certains saints, qui n’ont pas de fête propre, ou sont simplement absents de nos prières, en raison de leur nombre, trop important pour permettre de les célébrer séparément, mais également de notre faiblesse.
Son troisième objet est d’expier nos négligences, car bien que nous ne célébrions la fête que de peu de saints, il arrive encore que nous les négligions, par ignorance ou par paresse. Et c'est de ce péché que nous pouvons nous délivrer en célébrant d'une façon générale tous les saints, le jour de la Toussaint.
Enfin, la fête de la Toussaint a été instituée pour faciliter l'obtention de nos vœux. De même que nous honorons en ce jour tous les saints, nous leur demandons d'intercéder, tous ensemble pour nous, de façon à nous permettre de recevoir plus facilement la miséricorde de Dieu. Les saints peuvent, en effet, intercéder pour nous de deux manières : par leur mérite en ce que le surplus de leurs bonnes œuvres s'emploie à compenser nos fautes, et par leur affection en ce qu'ils demandent à Dieu que nos vœux se réalisent, chose qu'ils ne font, cependant, que quand ils savent que cela ne contrarie pas la volonté divine.
QUEL EST LE SENS DE LA TOUSSAINT ?
Avant la décision papale de la fixer au 1er novembre, la Toussaint était fréquemment célébrée à proximité des fêtes de Pâques et de la Pentecôte, ce qui fait écho à son sens profond, qui est de goûter déjà à la joie de ceux qui ont mis le Christ au centre de leur vie et vivre dans l’espérance de la Résurrection. Dans l’Eglise byzantine, la Toussaint est d’ailleurs toujours célébrée le dimanche qui suit celui de la Pentecôte.
Plus symboliquement, l’espérance selon laquelle tous les saints se joignent pour intercéder en notre faveur renvoie à une vision relatée comme ayant eu lieu l'année qui suivit l'institution de cette fête. Le jour de la Toussaint de cette année-là, le gardien de l'église de saint Pierre, après avoir pieusement fait le tour de tous les autels et imploré les suffrages de tous les saints, s'assoupit un moment devant l'autel. Il fut alors ravi en extase et vit le Roi des Rois assis sur son trône, avec tous les anges autour de lui. Vint alors la Vierge des Vierges, avec un diadème de feu autour de la tête, et suivie de la foule innombrable des vierges. Puis l'ange conduisit le gardien dans un autre lieu, où il lui montra des personnes des deux sexes, dont les unes étaient vêtues d'or, ou assises à des tables somptueuses, tandis que d'autres, nues et misérables, mendiaient du secours. Et l'ange dit au gardien : « Ce lieu est le Purgatoire. Les âmes que tu vois dans l'abondance sont celles qu'assistent copieusement les suffrages de leurs amis ; les âmes de ces mendiants sont celles de personnes qui n'ont point d'amis, au ciel ni sur la terre, pour s'occuper d'elles ».
Et l'ange ordonna au gardien de rapporter tout cela au souverain pontife, afin que, après la fête de la Toussaint, il instituât la fête des Ames, c'est-à-dire une fête où, du moins, des suffrages communs s'élèveraient au ciel en faveur de ceux qui n'avaient personne pour adresser en leur faveur des suffrages particuliers.
LE JOUR DES ÂMES (2 novembre)
C’est à la suite de cet épisode que l'Église a instauré, le 2 novembre, la commémoration des fidèles défunts, afin d'accorder un bénéfice général de prières à ceux, parmi ces défunts, qui n'en possèdent point de particuliers. Cette fête aurait également été inspirée par le fait que saint Odilon, abbé de Cluny, apprenant que l'on entendait souvent sortir de l'Etna les hurlements des démons et les voix plaintives d'âmes défuntes qui demandaient à être arrachées de leurs mains par des aumônes et des prières, décida que, dans les monastères de son ordre, la fête de la Toussaint serait suivie de la commémoration des âmes défuntes ; ce qui fut ensuite adopté par l'Église entière.
QUELQUES IDEES POUR FETER ET VIVRE LA TOUSSAINT EN FAMILLE
- Se souhaiter bonne fête et partager l’histoire des saints patrons des uns et des autres. Les parents peuvent expliquer aux enfants le choix de leur prénom ou de leur deuxième, voire troisième prénom, et découvrir à quel saint patron ils se rattachent ;
- C’est peut-être aussi l’occasion de parler des défunts de la famille, tout en distinguant la Toussaint du jour des défunts. Mais certains iront sans doute au cimetière en famille le jour de la Toussaint, et c’est aussi une manière de dire l’Espérance des chrétiens, la foi en la résurrection ;
- Ecrire une prière en famille, lire l’histoire d’un saint ou fabriquer une carte qui la relate et l’adresser à une personne qui porte ce prénom ;
- Lire ensemble la prière à tous les saints de Saint Augustin, disponible ici
- Sans oublier de partager en famille les gâteaux de la Toussaint, dont les recettes se trouvent ici